Mes 3 derniers jours se passeront au dispensaire, CSPS (Centre de Santé et de Promotion Sociale) dans un quartier légèrement excentré de Ouagadougou, à Mazor. Ce stage a été organisé par la femme de Roston, elle-même sage-femme et infirmière anesthésiste que je ne remercierai jamais assez pour toute cette organisation.

J’ai été accueillie par Madame Bila, sage-femme au dispensaire. Mes horaires sont comme leur service : 8h-14h.
Ce matin pas de naissance mais ce n’est pas pour autant le chômage technique. Après quelques visites pré et post-accouchement, où j’ai pu voir le retrait d’implant contraceptif à la pince, j’ai pu assister à différent tests de grossesse. Ici tout est différent, jamais il ne viendrait à l’idée qu’un gynécologue effectue 3 consultations en même temps dans la même pièce : 1 patiente sur le lit avec insertion du spéculum (« stérilisé ») pendant que la 2ème patiente attend les résultats de son test et que la 3ème se fasse enlever son implant. J’observe et j’essaie de comprendre au mieux car dans ce dispensaire, les patientes étant démunies, elles n’ont pas toutes suivi une scolarité et ne parle donc pas le français mais seulement  le Moré.

J’ai pu apprendre qu’ici, il existait des injections IM de contraceptif : Sayana & Depo-Provera.
Après recherche et d’après le compendium : En raison du danger de baisse de la densité minérale osseuse (BMD = Bone Mineral Density) chez la femme traitée à long terme par des injections d’acétate de médroxyprogestérone (voir rubrique «Mises en garde et précautions»), une évaluation soigneuse du rapport bénéfice/risque doit être réalisée.
Je suis sidérée de l’âge des patientes. Elles ont entre 16 et 30 ans et la plupart sont toutes multipares.

Ensuite je me rends  utile du côté des consultations pédiatriques et là… je suis tombée des nues de voir que plus de 150 femmes attendaient avec leurs 150 bébés. Chaque bébé a du être pesé, mesuré et vacciné. Ici au burkina, le gouvernement offre les vaccins aux enfants, ainsi que tous les soins de la grossesse-accouchement jusqu’à l’âge de 5 ans. Mon job était de mesurer les enfants, à la chaîne. Grande surprise pour certains enfants de voir une grande blanche et pour certains ça été plutôt un « cauchemar ». Ensuite j’ai pu assister l’infirmier en préparant plus de 50 vaccins contre le Tétanos, fièvre jaune.

J’ai pu distribuer le matériel gracieusement offert par ACE Genève Ambulances ainsi que les désinfectants pour les mains de la part des Hôpitaux universitaires de Genève. Les sages femmes sont ravies, c’est un peu comme si je leur offrais le ticket gagnant du loto.

Elles me font part aussi de leur manque de matériel. Il faudrait d’après elles avoir :

  • des pinces adaptées aux opérations
  • des gants plus solides
  • des lampes frontales pour les aider lors des accouchements

Elles sont aussi très étonnées quand je leur parle de ma formation et de ce que je suis en train d’apprendre.


Pour le 2ème jour, j’ai pu encore assister aux consultations, mettre à jour les dates et noms des vaccins dans le petit carnet que chaque enfant reçoit pour sa naissance.

Ce jour-là, 4 femmes étaient en travail, deux à 2cm de dilation, une autre à 4 cm et la dernière avec une dilatation du col à 8cm.

C’est parti pour le premier accouchement !
On installe la future maman. Pose de VVP. Administration de Syntocinon pour provoquer le travail. Les contractions arrivent vite et le bébé aussi, j’aperçois la tête; j’ai à peine le temps de la toucher que le bébé a déjà montré le bout de son nez. Bienvenue beau petit garçon de 3kg né à 14h25. On effectue les soins au bébé, Apgar à 9/10. Le petit va bien, il a même déjà fait pipi sur la maman… puis nous débutons la délivrance qui se fait toute seule et rapidement. Les saignements ont l’air de stopper. Ici vu le nombre d’accouchement personne ne vérifie l’état du placenta.

Nous examinons le périnée pour voir si déchirure il y a, ce qui est le cas. Nous procédons donc à une suture de 3 points sachant qu’ici la péridurale n’existe pas et  apparemment, les sutures sont plus douloureuses que l’expulsion d’un enfant. Je tends ma main à la patiente algique. Sur le moment, elle fût un peu étonnée mais accepte très vite. Avec mon expérience, certes minime ici, je me rends compte que la relation d’aide ne fait pas partie de leur façon de travailler.

La famille étant musulmane, leurs traditions sont que la famille du mari assiste la future maman, le papa n’étant même pas présent ni la famille de la maman. Le prénom de l’enfant est donné 7 jours après, lors du baptême, par le papa. Mais à ma grande surprise, et très émue, toute la famille m’a proposé de choisir un prénom pour ce petit garçon. Bien évidement, la question aurait été facile pour une fille mais là, j’ai pensé à notre cher Yanis de notre volée,  musulman lui aussi, et j’ai proposé son prénom qui a l’air d’avoir plu…

Marine Dubuis
étudiante de 2ème année de l’école supérieure de soins ambulanciers de Genève.

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