Ma deuxième semaine ici s’est achevée tranquillement avec la grande feria de Cochabamba.

Mais revenons à nos moutons et je vais tenter de vous expliquer un peu mieux ce que je vis au quotidien lors de mes journées en ambulance.
La plupart du temps nous sommes appelés pour des transferts intra-hospitaliers entre les différentes cliniques ou hôpitaux. Il s’agit souvent d’amener des patients faire des examens complémentaires comme des scanners cérébraux par exemple. En effet la prévalence des accidents vasculaires cérébraux est élevée.
Quelques liens utiles pour en mesurer l’impact socio-sanitaire :
- AVC, World Heart Federation (Geneva), 2015
- Profil statistique de la bolivie, OMS, 2015
- Prévention des accidents, 2013
Le système de santé bolivien ne fonctionnant pas comme le notre, une grande partie de la population ne détient pas d’assurance et le coup de la santé est très élevé. Le problème avec cela, est que parfois les patients ne peuvent recevoir un traitement et un suivi hospitalier complet. En voici un exemple avec cette jeune femme qui a fait un tentamen médicamenteux dans une petite ville tropicale à 4 heures de route de Cochabamba et hospitalisée depuis aux soins intensifs. Ne pouvant plus garantir à elle seule une respiration efficace, elle doit restée intubée (au risque de désaturer).
Malheureusement, sa famille ne pouvant pas se permettre de payer pour des soins aussi avancés, ils retournèrent, quelques jours plus tard chez eux avec leur fille mais sans respirateur. Inutile d’expliquer que la survie de cette dernière est compromise. Voilà une des nombreuses situations auxquelles nous pouvons être confronté.
L’entreprise s’occupe justement aussi beaucoup des transports des patients venant des soins intensifs. Il est donc très intéressant pour moi de prendre en charge des patients intubés et pas toujours stabilisés.

Respirateur automatique pour les patients intubés appartenant à l’entreprise
Défibrillateur d’un autre temps trouvé dans une clinique mais toujours efficace !
Ce qui est très stimulant, c’est qu’au lieu de se fier aux différentes constantes que nous avons en continu sur nos monitoring hightech suisses, ici, il faut surtout travailler avec la clinique. Cela me pousse, plus que jamais, à me fier à ce que je vois et sens. Dans ce contexte, j’ai l’opportunité d’affiner mes recherches lors de mes évaluations et de développer mon sens clinique.
Je remarque aussi, au fil des prises en charge, que nous transportons énormément de patients victimes d’accidents de la route (Prévention des accidents, 2013). La plupart du temps avec des conséquences assez graves. Comme mentionné lors du précédent article, la ceinture ne fais pas encore partie des habitudes boliviennes et cela se voit. Hémorragies cérébrales, traumatismes de membres, traumatismes abdominaux importants sont présents au quotidien. Ce qui est le plus marquant, est la tranche d’âges concernée. En effet, c’est souvent les jeunes entre 20 et 40 ans qui sont touchés.

J’ai donc décidé de mener des opérations port de ceintures sponsorisées par mes amis médecins lorsque nous prenons le taxi. (En effet, ici tous les trajets se font souvent en taxi car le coût de la course est dérisoire.) Le challenge est de réussir à faire porter la ceinture aux différents conducteurs lors du trajet. J’ai donc quelques minutes pour les convaincre qu’elle est utile. En cas de victoire, je reçoit un petit billet de mes chers collègues et médecins suisses. Je compte bien sensibiliser tous les taxis de la ville avant mon départ et ramener une petite cagnotte pour l’association !
À tout bientôt
Marie
