Soudainement 4 sons de hornes retentissent dans la cour des sapeurs pompiers de Ouagadougou…
Non d’une pipe, c’est a moi de « décaler »… Et oui, même les expressions mentionnant le départ en intervention sont différentes en Afrique subsaharienne ! Pas de temps a perdre, il n’y à plus qu’à sauter dans l’ambulance. Quel bonheur de ne pas se soucier de l’itinéraire, surtout dans une ville aussi vaste que Ouga !
Nous partons sur un accident de circulation, pas d’autres infos, si ce n’est que j’estime à 99,9% le nombre de deux roues ne portant pas de casque, en short et schlaps et ne s’arrêtant pas systématiquement aux feux rouges !!!

Prêt à décaller ! 
Mathieu « décalle » !
Après environ 5 minutes de route, nous arrivons sur le lieux de l’accident. C’est là que la perception du mélange pompier armée devient plus que palpable. Chaque homme a son job bien défini: il sait quoi faire et le réalise selon les règles « d’ordonnance de combat ». Un souvenir d’armée remonte en moi et me rappelle de bons et mauvais souvenirs.
Tous les pompiers ambulanciers avancent dans l’intervention sans se laisser distraire par les passants mobilisés en nombre pour assister à la prise en charge des deux malheureux scootéristes qui se sont percutés. Et oui, que nous soyons sur un continent ou un autre, la contagion d’une personne s’arrêtant pour regarder un événement appelle les autres à s’arrêter. La similarité des comportements se retrouve partout et ceci quelque soit la culture. Il faut quand même reconnaître qu’à notre arrivée les patients étaient en PLS, ce qui démontre que la population a quelques notions de base du secourisme. À relever également qu’ils n’ont pas peur de nous aider.
Les deux scootéristes, victimes d’un traumatisme crânien avec plaie pariétale pour un et plaie frontale pour l’autre, sont transférés sur le brancard et planche au moyen du « pont-simple », tout en gardant leur PLS. Leur glasgow fluctue entre 13 et 14 et nous avons pas d’info sur une éventuelle douleurs au rachis. Une fois sur leur moyen de relevage, les deux patients sont chargés dans la même ambulance. Cette action nécessite une certaine expérience au jeu « Tetris », mais les ambulanciers ont relevé ce défit avec talent!
Malheureusement, les moyens que disposent les services de santé au Burkina sont de loin inférieurs à ceux de chez nous. Les ambulances sont uniquement composées d’un brancard, une planche, des attelles et un matelas coquille qui souvent est percé. Les compresses, triangles, attaches style spider pour la planche, ceintures de sécurité et autres ne font malheureusement pas parti du matériel à bord, faute de moyens. Nous en profitons pour faire appel à vous: mettez-nous votre ancien matériel de côté afin que nous puissions leur en faire don lors de notre prochaine mission…
Durant la route pour l’hôpital, les 2 patients se baladent de droite à gauche et d’avant en arrière au gré des virages, accélérations et ralentissements que le chauffeur n’a pas d’autre choix d’effectuer afin de se faufiler dans la circulation de Ouga. Le soignant qui est a l’arrière à beaucoup de job! Il doit tout d’abord se tenir, maintenir comme il peut les 2 patients, les rassurer et leur parler afin de vérifier leur état de conscience.
Une fois arrivé a l’hôpital universitaire de Ouagadougou, nous déposons les deux patients dans l’aile de traumatologie. N’allez pas croire que l’accueil des patients se fait comme chez nous… La salle d’attente à deux fonctions au Burkina Faso: la première est évidement d’attendre qu’un médecin ait une disponibilité pour commencer sa consultation. Inutile de mentionner que le taux de médecin par service n’est pas conséquent. La seconde fonction de la salle d’attente est beaucoup moins glamour! En effet, aucun soin n’est débuté avant qu’une somme d’argent soit obtenue de la part du patient ou de sa famille et cela indépendamment du niveau de gravité de l’urgence. De ce fait, les patients sont entreposés sur des brancards ou à même le sol lorsqu’il n’y a plus de place sur ces derniers, attendant que les deux conditions précédentes soient remplies pour recevoir les premiers soins.

Trauma team 
Salle aux urgences
Il me paraît important de relever le professionnalisme de ces pompiers ambulancier. En effet, aucunes différences dans leur manière de prendre en charge les patients sont palpables. Quelque soit leur statut social, les patients sont conditionnés dans les meilleures conditions possible, avec rapidité, de leur lieu d’accident à l’hôpital. Et ceci même si leur traitement n’aboutira pas forcément.
Le professionnalisme se ressent également durant l’instruction de l’après-midi. Malgré la chaleur étouffante, tous les sapeurs pompiers suivent l’instruction sanitaire.
Le thème du jour est les bilans. Il est peut-être utile de vous rappeler que leur formation est issue des manuels français, donc les termes employés ne sont pas tout a fait les mêmes que chez nous. Néanmoins, les concepts sont similaires et les trois terriens d’ailleurs ne sont pas tout a fait perdu. Enfin presque!
Un petit blanc à côté de moi, m’ayant traumatisé durant toute ma 2ème année à l’ecamb, reste muet et sans réponse lorsque l’instructeur lui pose une question portant sur le bilan circonstanciel. Deviner ce qu’il a fait.. Il pougne, il demande à voix basse a Mme la Présidente la réponse… (Je dis ça, je dis rien mes amis les étudiants…).

15:00 : révision sur les bilans. 
Gaaaaarde vous !
Soudainement, l’instructeur pousse une braillée. Grand sursaut, tout le monde se lève effectuant un garde a vous dans la seconde suivante. Seul petit problème, je n’ai pas anticipé à rechausser mes bottes et me retrouve en chaussettes au garde à vous!!!
Décidément, le concept pompier militaire n’est vraiment pas fait pour moi…
Mathieu.
